Beauté animale, une exposition au Grand Palais du 21 mars au 16 juillet 2012.
« Quels furent les premiers sujets des premiers artistes ? Des lionnes, des chevaux, des rennes, des bisons. Dans la grotte Chauvet, à Altamira (Espagne), à Lascaux, leur beauté est éclatante. Elle ne l'est pas moins plus tard en Mésopotamie, en Egypte, Grèce, au Louristan (Iran), en Chine, ou dans l'Amérique précolombienne. Les arts commencent avec les bêtes, leur observation, leur exaltation. Il y a là matière à d'infinies réflexions, qu'historiens, anthropologues, ethnologues et philosophes développent avec une attention renouvelée ces derniers temps.
Que l'exposition "Beauté animale" ne commence pas ainsi est assez inexplicable. Il l'est tout autant qu'elle ne s'attache qu'aux représentations animales en Occident, de la Renaissance à aujourd'hui. Sans doute aurait-il été difficile de traiter de toutes les civilisations et de toutes les époques. Néanmoins, en empruntant à Saint-Germain-en-Laye un ou deux ivoires magdaléniens et au Louvre quelques bronzes ou quelques vases attiques, il aurait été facile derappeler la longue prééminence de l'animal dans les arts partout dans le monde, d'élargir le champ de vision, de se demander si l'on ne comprend pas mieux Delacroix en se souvenant des marbres du Parthénon, Rembrandt à partir des miniatures persanes - il en copia - ou l'Ours blanc de Pompon par rapport à la mode des primitivismes dans l'entre-deux-guerres. S'il est un thème pour lequel l'occidentalocentrisme est particulièrement malencontreux, c'est celui-ci. »
Philippe Dagen, Le Monde
« Plus sérieusement, d'autres usages majeurs sont oubliés : le sacrifice, la guerre, la tauromachie et - le plus évident de tous - la nourriture et l'abattoir. Pourquoi ? Pour n'offusquer personne et surtout pas les enfants ? On ne peut s'empêcher depenser que "Beauté animale" a été conçu comme un spectacle tous publics, aseptisé, aimable, consensuel comme on dit. Et que, pour cela, un sujet très intéressant est réduit à de belles images. »
Philippe Dagen, Le Monde
Anonyme - Les Oiseaux (1919) |
Jacob Jordaens - Etude de cinq vaches (1620) |
Giacomo Balla - Mouvements rapides martinets en mouvement + séquences dynamiques (1913) |
Jacopo Bassano - Deux chiens de chasse liés à une souche (1548) |
Alexander Calder - Vache (1930) |
Gustave Courbet - La truite (1873) |
Gabriel Decamps - Le Singe peintre (1833) |
Durer - Rhinocéros (1515) |
Théodore Gericault - Cheval gris (1812) |
Théodore Gericault - Tete de lionne |
Théodore Gericault - Tête de cheval blanc (1816) |
Alberto Giacometti - Le chat (1951) |
Goya - Combat de chats (1786) |
Edouard Manet - Le Rendez-vous des Chats (1868) |
Henry Moore - Les moutons (1974) |
Bapstiste Oudry - Misse et Turlu (1725) |
François Pompon - Ours blanc (1928) |
François Pompon - Tete d'orang-outan (1930) |
Vincent Van Gogh - Chauve souris (1885) |
Gabriel Von Max - Les Singes critiques d’art (1889) |
« Quels furent les premiers sujets des premiers artistes ? Des lionnes, des chevaux, des rennes, des bisons. Dans la grotte Chauvet, à Altamira (Espagne), à Lascaux, leur beauté est éclatante. Elle ne l'est pas moins plus tard en Mésopotamie, en Egypte, Grèce, au Louristan (Iran), en Chine, ou dans l'Amérique précolombienne. Les arts commencent avec les bêtes, leur observation, leur exaltation. Il y a là matière à d'infinies réflexions, qu'historiens, anthropologues, ethnologues et philosophes développent avec une attention renouvelée ces derniers temps.
Que l'exposition "Beauté animale" ne commence pas ainsi est assez inexplicable. Il l'est tout autant qu'elle ne s'attache qu'aux représentations animales en Occident, de la Renaissance à aujourd'hui. Sans doute aurait-il été difficile de traiter de toutes les civilisations et de toutes les époques. Néanmoins, en empruntant à Saint-Germain-en-Laye un ou deux ivoires magdaléniens et au Louvre quelques bronzes ou quelques vases attiques, il aurait été facile derappeler la longue prééminence de l'animal dans les arts partout dans le monde, d'élargir le champ de vision, de se demander si l'on ne comprend pas mieux Delacroix en se souvenant des marbres du Parthénon, Rembrandt à partir des miniatures persanes - il en copia - ou l'Ours blanc de Pompon par rapport à la mode des primitivismes dans l'entre-deux-guerres. S'il est un thème pour lequel l'occidentalocentrisme est particulièrement malencontreux, c'est celui-ci. »
Philippe Dagen, Le Monde
« Plus sérieusement, d'autres usages majeurs sont oubliés : le sacrifice, la guerre, la tauromachie et - le plus évident de tous - la nourriture et l'abattoir. Pourquoi ? Pour n'offusquer personne et surtout pas les enfants ? On ne peut s'empêcher depenser que "Beauté animale" a été conçu comme un spectacle tous publics, aseptisé, aimable, consensuel comme on dit. Et que, pour cela, un sujet très intéressant est réduit à de belles images. »
Philippe Dagen, Le Monde