Elena, un film de Andrei Zvianguintsev sorti en salles en 2012.
"L'arbre avait prévenu, le film a un programme, qui devra se dérouler jusqu'à son terme pour dire l'ampleur du terrain, pas modeste, qu'il s'est choisi. Mais il faut reconnaître à Zviaguintsev, entre autres talents, celui de déjouer à ce sujet un horizon d'attente qu'on croyait plusieurs fois fixé. Comment se répartissent les bûches, devant la caméra de Zviaguintsev ? Entre loups et agneaux, c'est vite compris, mais : qui sont les loups, qui sont les agneaux ? L'enjeu de classes est la première piste, la plus évidente, mais ce n'est pas la bonne, malgré les humiliations subies chez le vieux par Elena, malgré les trajets pour rejoindre son fils, filés depuis les vitres du métro en de long plans sur le paysage pour mesurer l'écart : les salauds sont partout, l'humiliation un mets de riche et un plat de pauvre (comme tyran domestique, le fils d'Elena n'a rien à envier au vieux bourgeois). Homme-loup, femme agneau, donc ? Pas plus : la fille du vieux, petit soldat de l'aigreur, ne vaut pas mieux que lui. La rupture se joue ailleurs, entre cyniques (le vieux, sa fille, le fils et le petit-fils d'Elena) et infirmières (Elena et sa belle-fille), mais elle non plus, finalement, ne tient pas, dès lors qu'est consommé le basculement qui emmène le film vers son horizon véritable : allez, tous cyniques, tous loups, même Elena que le film fait tomber de l'autre côté de la frontière, poussée par un crime qu'il lui fait commettre et dont bien sûr on ne peut rien dire, sinon que, depuis le mirador où Zviaguintsev le préparait depuis le début, il résonne comme une leçon."
Chronicart.com, Jérôme Momcilovic
"Et puis il y a le foyer de son fils issu d’une première union, aussi : un petit-fils qui passe ses journées devant une console de jeux vidéo (quand il ne sort pas pour aller tabasser des étrangers), un père qui boit de la bière et ne fout rien en attendant que le fric tombe du ciel (quand il ne crache pas sur les gens depuis son balcon), et une mère en crise d’autorité juste bonne à se faire engrosser. Malgré ce portrait lourdingue, il ne faut pas oublier que ce sont tout de même des gens en détresse, qui réclament assistance (financière), et qui mieux que le mari d’Elena pour leur prêter de l’argent ?"
Critikat.com, Julien Marsa
"L'arbre avait prévenu, le film a un programme, qui devra se dérouler jusqu'à son terme pour dire l'ampleur du terrain, pas modeste, qu'il s'est choisi. Mais il faut reconnaître à Zviaguintsev, entre autres talents, celui de déjouer à ce sujet un horizon d'attente qu'on croyait plusieurs fois fixé. Comment se répartissent les bûches, devant la caméra de Zviaguintsev ? Entre loups et agneaux, c'est vite compris, mais : qui sont les loups, qui sont les agneaux ? L'enjeu de classes est la première piste, la plus évidente, mais ce n'est pas la bonne, malgré les humiliations subies chez le vieux par Elena, malgré les trajets pour rejoindre son fils, filés depuis les vitres du métro en de long plans sur le paysage pour mesurer l'écart : les salauds sont partout, l'humiliation un mets de riche et un plat de pauvre (comme tyran domestique, le fils d'Elena n'a rien à envier au vieux bourgeois). Homme-loup, femme agneau, donc ? Pas plus : la fille du vieux, petit soldat de l'aigreur, ne vaut pas mieux que lui. La rupture se joue ailleurs, entre cyniques (le vieux, sa fille, le fils et le petit-fils d'Elena) et infirmières (Elena et sa belle-fille), mais elle non plus, finalement, ne tient pas, dès lors qu'est consommé le basculement qui emmène le film vers son horizon véritable : allez, tous cyniques, tous loups, même Elena que le film fait tomber de l'autre côté de la frontière, poussée par un crime qu'il lui fait commettre et dont bien sûr on ne peut rien dire, sinon que, depuis le mirador où Zviaguintsev le préparait depuis le début, il résonne comme une leçon."
Chronicart.com, Jérôme Momcilovic
"Et puis il y a le foyer de son fils issu d’une première union, aussi : un petit-fils qui passe ses journées devant une console de jeux vidéo (quand il ne sort pas pour aller tabasser des étrangers), un père qui boit de la bière et ne fout rien en attendant que le fric tombe du ciel (quand il ne crache pas sur les gens depuis son balcon), et une mère en crise d’autorité juste bonne à se faire engrosser. Malgré ce portrait lourdingue, il ne faut pas oublier que ce sont tout de même des gens en détresse, qui réclament assistance (financière), et qui mieux que le mari d’Elena pour leur prêter de l’argent ?"
Critikat.com, Julien Marsa