Van Dongen - Fauve, anarchiste et mondain (31 mars 2011)

Kees Van Dongen - Fauve, anarchiste et mondain, Exposition au Musée d'art moderne de la ville de Paris (25 mars 2011 - 17 juillet 2011)















Buveuse d’absinthe vers 1903
Crayon Conté, encre noir et lavis gris, aquarelle,
gouache,
410 x 605mm (ouverture jour)
Collection particulière

Le Tango
vers 1913/1935
Huile sur toile, 196 x 197cm
Nouveau Musée national de Monaco, Monaco

Le Vieux Clown 1910/vers 1943
Également intitulé Clown
Huile sur toile, 130 x 97cm
Association des Amis du Petit Palais, Genève

Les Lutteuses 1908
Huile sur toile, 105,5 x 164cm
Nouveau Musée national de Monaco, Monaco

Fernande Olivier ou l’Espagnole 
vers 1907-1908
Huile sur toile, 91 x 72cm
Collection S. et T. Traboulsi

L’Idole 1908
Également intitulé Torse
Collection particulière, dépôt The Courtauld Gallery,
The Courtauld Institute of Art, Londres

Liverpool Light House 1907
Également intitulé Le Hussard
Huile sur toile, 100 x 81cm
Collection particulière

Ma gosse et sa mère  1907
Huile sur toile, 100 x 81cm
Nahmad, Suisse

Maisons à Amsterdam 1907
Huile sur toile, 65,5 x 53,7cm
Collection particulière, Paris/courtesy galerie du
Post-Impres sionnisme, Paris

La Mattchiche 1906
Également intitulé Le Moulin de la Galette
Huile sur toile, 65,5 x 54,5cm
Musée d’Art moderne de Troyes, Troyes, don de
Pierre et Denise Lévy

Modjesko, chanteur soprano 1907
Également intitulé Au café concert
Huile sur toile/masonite, 100 x 81,3cm
The MoMA, New York, don de M. et Mme Peter A.
Rübel, 1955

Portrait d’Adèle Besson 1909
Huile sur toile, 100 x 81cm
Signé en bas à droite : van Dongen.
Musée Albert-André, Bagnols-sur-Cèze, dépôt
Musée national d’art moderne/cci, Paris

Jo Nesbo - Chasseurs de têtes

Jo Nesbo, Chasseurs de têtes, Roman écrit en 2008.

Si tu meurs, je te tue (28 mars 2011)

Si tu meurs, je te tue, Un film de Hiner Saleem, sorti en France en 2011.

























J.D. Salinger - L'attrape-coeurs

J.D. Salinger, L'attrape-coeurs (The catcher in the Rye), Livre écrit en 1945.

"- J'ai l'impression que tu cours à un échec effroyable. Mais quel genre d'échec, je ne le sais pas encore. Honnêtement... Dis, tu m'écoutes ?
- Oui.
- Quel genre d'échec ? Comment tu t'en rendras compte ? Et quand ? Eh bien, ce sera peut-être un jour - tu auras dans les trente ans - où, assis dans un bar, tu te mettras à détester le type qui vient d'entrer simplement parce qu'il aura l'air d'avoir autrefois été sélectionné pour jouer dans l'équipe de football de son université. Ou bien le jour où tu t'apercevras que de toutes tes études tu n'as retiré que juste ce qu'il faut pour pouvoir détester les gens qui disent "je m'en souviens" et pas "je m'en rappelle". Ou bien encore tu te trouveras dans un bureau minable et tu découvriras que pour passer le temps tu en es à bombarder de trombones la dactylo de l'autre côté de la table. Ou n'importe quoi de ce genre. Je ne peux pas te dire. Mais tu comprends où je veux en venir ?"
J'ai dit « Oui. Sûr ». Et c'était vrai. « Mais pour ce qui est de détester, vous vous trompez. Je veux dire, détester les joueurs de foot et tout. Vraiment. Je déteste pas trop de gens. Ce qui peut m'arriver, c'est de les détester un petit moment, comme ce type, Stradlater, que j'ai connu à Pencey, et l'autre, Robert Ackley. Parfois, je les détestais, mais ça durait pas, c'est ce que je veux dire. Au bout d'un certain temps si je les voyais pas, s'ils venaient plus dans ma piaule ou si j'étais plus avec eux au réfectoire deux ou trois repas de suite, ils me manquaient en quelque sorte. C'est ce que je veux dire, ils me manquaient.»
Mr Antolini est resté silencieux. Il s'est levé, il a pris un autre cube de glace et l'a mis. dans son verre. Puis il est revenu s'asseoir. On voyait qu'il réfléchissait. Tout de même, j'aurais bien voulu qu'il arrête la conversation, quitte à la reprendre le lendemain, mais il était lancé. C'est presque toujours quand vous êtes pas en forme pour discuter que les autres arrêtent pas.
«Bon. Ecoute-moi une minute. Je ne vais sans doute pas trouver maintenant les paroles mémorables que je voudrais te dire mais dans un jour ou deux je t'écrirai une lettre. Tu pourras alors débrouiller tout ça. En tout cas, pour l'instant écoute.» Il s'est encore concentré. Puis il a dit « Cet échec vers lequel tu cours, c'est un genre d'échec particulier - et horrible. L'homme qui tombe, rien ne lui permet de sentir qu'il touche le fond. Il tombe et il ne cesse pas de tomber. C'est ce qui arrive aux hommes qui, à un moment ou à un autre durant leur vie étaient à la recherche de quelque chose que leur environnement ne pouvait leur procurer. Du moins voilà ce qu'ils pensaient. Alors ils ont abandonné leurs recherches. Avant même d'avoir vraiment commencé. Tu me suis?
- Oui monsieur.
- Sûr?
- Oui.»
Il s'est levé et il a versé un peu plus de tord-boyaux dans son verre. Puis il est revenu s'asseoir. Pendant longtemps il a rien dit.
Et puis « Je ne voudrais pas t'effrayer. Mais je te vois très clairement mourant noblement, d'une manière ou d'une autre, pour une cause hautement méprisable ». Il m'a jeté un coup d'œil bizarre. « Si je note pour toi quelques lignes, les liras-tu attentivement? Et les conserveras-tu?
- Oui. Bien sûr» j'ai dit. Et je l'ai fait. J'ai toujours le bout de papier qu'il m'a donné.
Il est allé jusqu'à son bureau au fond de la pièce et sans même s'asseoir il a écrit sur une feuille de papier. Puis il est revenu, a repris son siège, le papier à la main. « Curieusement, ceci n'a pas été écrit par un poète, mais par un psychanalyste nommé Wil¬helm Stekel. Voilà ce qu'il... Tu m'écoutes?
- Oui. Bien sûr.
-"Voilà ce qu'il a dit: L'homme qui manque de maturité veut mourir noblement pour une cause. L'homme qui a atteint la maturité veut vivre humblement pour une cause. »
Il s'est penché et m'a tendu le papier. Je l'ai lu aussitôt et puis j'ai dit merci et tout et je l'ai mis dans ma poche. Mr Antolini, il était vraiment sympa de se donner tout ce mal. Sans blague. Quand même, j'avais de la peine à le suivre. Ouah, je me sentais tout d'un coup terriblement fatigué.
Mais lui, on voyait bien qu'il était pas du tout fatigué. Et puis il était pas mal éméché. Il a dit « Je pense qu'un de ces jours il va falloir que tu découvres où tu veux aller. Et alors, tu devras prendre cette direction. Immédiatement. Tu ne peux pas te permettre de perdre une minute. Pas toi ». J'ai fait oui de la tête parce qu'il me regardait droit dans les yeux et tout, mais j'étais pas trop sûr de ce qu'il voulait dire.
J'étais à moitié sûr, mais je l'aurais pas affirmé trop positivement. J'étais tellement vanné.
« Et j'ai le regret de te dire - il a dit - que lorsque tu auras une idée claire de là où tu veux aller, ton premier soin sera, je pense, de t'appliquer en classe. Il faudra bien. Tu es un étudiant - que l'idée te plaise ou non - tu aspires à la connaissance. Et je sais que tu découvriras, une fois dépassés tous les Mr Vines et leur Expression Orale ... »
J'ai dit « Mr Vinson ». Il voulait dire tous les Mr Vinson, pas tous les Mr Vines. Mais j'aurais pas dû l'interrompre.
« D'accord. Les Mr Vinson. Une fois dépassés tous les Mr Vinson, tu vas commencer à te rapprocher de plus en plus - c'est-à-dire si tu le veux, si tu le cherches et l'attends - du genre de savoir qui sera très très cher à ton cœur. Entre autres choses, tu découvriras que tu n'es pas le premier à être perturbé et même dégoûté par le comportement de l'être humain. A cet égard, tu n'es pas le seul, et de le savoir cela t'excitera, te stimulera. Bien de hommes ont été tout aussi troublés moralement et spirituellement que tu l'es en ce moment. Par chance, quelques-uns ont écrit le récit de leurs troubles. Si tu le veux, tu apprendras beaucoup en les lisant. De même que d'autres, un jour, si tu as quelque chose à offrir, d'autres apprendront en te lisant. C'est un merveilleux arrangement réciproque. Et ce n'est pas de l'éducation. C'est de l'histoire. C'est de la poésie.» Il s'est tu un instant, il a bu une grosse gorgée de whisky. Puis il s'est remis à parler. Ouah, il était vraiment lancé. J'étais content d'avoir pas essayé de l'arrêter ni rien. « Je ne cherche pas à te faire croire - il a dit - que seuls les gens instruits, les érudits, apportent au monde une contribution valable. C'est faux. Mais ce que je dis c'est que les gens instruits, les érudits, s'ils sont aussi brillants et créatifs - ce qui malheureusement n'est pas souvent le cas - ont tendance à laisser des témoignages beaucoup plus intéressants que ceux qui sont simplement brillants et créatifs. Ils s'expriment plus clairement et en général ils cherchent passionnément à développer leur pensée jusqu'au bout. Et - plus important encore - neuf fois sur dix, ils ont plus d'humilité que le penseur peu instruit. Tu me suis?
- Oui, monsieur. »
Pendant un moment il a plus rien dit. Je sais pas si ça vous est déjà arrivé, mais c'est plutôt dur d'être assis là à attendre que quelqu'un dise quelque chose pendant qu'il est en train de réfléchir et tout. Je vous jure. Je luttais pour pas bâiller. C'est pas que je le trouvais barbant - oh non - mais tout d'un coup j'avais tellement sommeil.
«Encore une chose que les études universitaires t'apporteront. Si tu les poursuis assez longtemps, ça commencera à te donner une idée de la forme de ton esprit. Ce qui lui convient et - peut-être - ce qui ne lui convient pas. Au bout d'un moment tu auras une idée du genre de pensées le plus accordé à ta forme d'esprit. Ça t'évitera de perdre un temps fou à essayer des façons de penser qui ne te vont pas, qui ne sont pas pour toi. Tu commenceras à bien connaître tes vraies mesures et à diriger ton esprit en conséquence. »
Et alors, tout d'un coup, j'ai bâillé. C'était franchement grossier mais j'ai pas pu m'en empêcher. Mr Antolini a ri, c'est tout. Il a dit « Viens» et il s'est levé. «On va 'te préparer le divan. ». »

Gustave et Martial Caillebotte - Dans l'intimité des frères Caillebotte, Peintre et photographe (28 mars 2011)

Gustave et Martial Caillebotte - Dans l'intimité des frères Caillebotte, Peintre et photographe, Exposition au musée Jacquemart André (Du 25 mars au 11 juillet 2011)















Canotier au chapeau haut de forme
1877-1878, huile sur toile, 90 x 117 cm, collection particulière

Intérieur, femme à la fenêtre
1880, Huile sur toile, 116 x 89 cm, collection particulière

Le déjeuner
1876, Huile sur toile, collection particulière

Les Périssoires
1878, huile sur toile, 157 x 113 cm
Musée des beaux-arts, Rennes

Un Balcon, boulevard Haussmann
1880, huile sur toile, 69 x 62 cm, collection particulière

Les Peintres en bâtiment
1877, huile sur toile, 87 x 116 cm, collection particulière

Le pont de l'Europe (esquisse)
1876, Huile sur toile, 54 x 73 cm, collection particulière

La descente d’un réverbère (Pont de la Concorde)
Décembre 1891, tirage photographique, 14,5 x 10,5 cm
Collection particulière 

Gustave Caillebotte et Bergère sur la place du Carrousel
1892, tirage photographique, 15,5 x 10,5 cm
Collection particulière

 Jean et Geneviève Caillebotte léchant des cuillères autour
d'une marmite dans le jardin de Montgeron
Tirage photographique, 11,5 x 14 cm, collection particulière 

Incendies (27 mars 2011)

Incendies, Un film de Denis Villeneuve, Sorti en France en 2011


























Felix Fénéon - Interrogatoire au cours du "Procès des Trente"

Paul Signac, Portrait de Félix Fénéon (1890) Museum of Modern Art, New York.


Le procès des Trente est un procès célèbre qui s'ouvrit en France le 6 août 1894, devant la cour d'assises de la Seine. Au cours de ce procès, qui constitua alors l'apogée de la lutte contre l'anarchisme, trente inculpés furent jugés, allant de théoriciens de l'anarchie à de simples cambrioleurs, tous rassemblés dans une même accusation d'association de malfaiteurs.

Lors de son interrogatoire, le critique d'art Félix Fénéon fit sensation :

— Êtes vous un anarchiste, M. Fénéon ?
— Je suis un Bourguignon né à Turin.
— Vous étiez aussi l'ami intime d'un autre anarchiste étranger, Kampfmeyer?.
— Oh, intime, ces mots sont trop forts. Du reste, Kampfmeyer ne parlant qu'allemand, et moi le français, nos conversations ne pouvaient pas être bien dangereuses. (Rires.)
— À l'instruction, vous avez refusé de donner des renseignements sur Matha et sur Ortiz.
— Je me souciais de ne rien dire qui pût les compromettre. J'agirais de même à votre égard, monsieur le Président, si le cas se présentait.
— Il est établi que vous vous entouriez de Cohen et d'Ortiz.
— Pour entourer quelqu'un, il faut au moins trois personnes. (Explosion de rires.)
— On vous a vu causer avec des anarchistes derrière un réverbère.
— Pouvez-vous me dire, monsieur le Président, où ça se trouve derrière un réverbère ? (Rires forts et prolongés. Le président fait un rappel à l'ordre.)
— On a trouvé dans votre bureau, au ministère de la Guerre, onze détonateurs et un flacon de mercure. D'où venaient-ils ?
— Mon père était mort depuis peu de temps. C'est dans un seau à charbon qu'au moment du déménagement j'ai trouvé ces tubes que je ne savais pas être des détonateurs.
— Interrogée pendant l'instruction, votre mère a déclaré que votre père les avait trouvés dans la rue.
— Cela se peut bien.
— Cela ne se peut pas. On ne trouve pas de détonateurs dans la rue.
— Le juge d'instruction m'a demandé comment il se faisait qu'au lieu de les emporter au ministère, je n'eusse pas jeté ces tubes par la fenêtre. Cela démontre bien qu'on pouvait les trouver sur la voie publique. (Rires.)
— Votre père n'aurait pas gardé ces objets. Il était employé à la Banque de France et l'on ne voit pas ce qu'il pouvait en faire.
— Je ne pense pas en effet qu'il dût s'en servir, pas plus que son fils, qui était employé au ministère de la Guerre.
— Voici un flacon de mercure que l'on a trouvé également dans votre bureau. Le reconnaissez-vous ?
— C'est un flacon semblable, en effet. Je n'y attache pas l'ombre d'une importance.
— Vous savez que le mercure sert à confectionner un dangereux explosif, le fulminate de mercure.
— Il sert également à confectionner des thermomètres, baromètres, et autres instruments. (Rires)